Environ 125 millions de filles vivent dans le monde qui ont été excisées. Les grands-mères jouent un rôle clé dans la lutte contre l'excision des filles.


Prévention contre l'excision des filles au Sénégal

Fatoumata apprend à sa petite-fille Dialan à travailler le coton. Dans son village, la grand-mère fait partie de l'équipe de prévention et de sensibilisation contre l'excision des filles.

En Afrique occidentale et (nord-)orientale, dans certaines régions d'Asie et du Moyen-Orient, l'excision des filles est aujourd'hui encore très répandue dans certains groupes de population. Même si, sous nos latitudes, nous n'avons que peu de compréhension pour ce rituel - cette pratique cruelle est liée à des traditions et des normes sociales profondément ancrées. Il est donc extrêmement difficile d'empêcher les mutilations génitales féminines et cela prend beaucoup de temps. Une interdiction de l'excision ne suscite guère de compréhension. Au contraire : une interdiction repousse l'excision dans la clandestinité et le sujet devient encore plus tabou.

Dialogue avec la population locale
World Vision s'engage donc pour une approche globale. Un changement de mentalité à long terme au sein de la population dépend fortement du dialogue avec les anciens du village. C'est pourquoi celui-ci est toujours encouragé dans les projets. À Vélingara, au Sénégal, nous avons par exemple lancé un projet de développement spécial pour le développement sain des filles. La forte intégration des grands-mères dans le travail avec la population leur attribue un rôle décisif. De par leur âge et leur expérience, les grands-mères ont une grande influence sur leur environnement.

Changer les mentalités par la confrontation
Fatoumata est l'une de ces grands-mères de Vélingara. Elle est sage-femme et fait aujourd'hui partie des auxiliaires de santé bénévoles de World Vision. Elle a accompagné d'innombrables accouchements douloureux et difficiles, les complications étant souvent dues à une excision antérieure. C'est pourquoi Fatoumata avait commencé à confronter la circoncise traditionnelle du village à son travail. Lors d'accouchements difficiles, elle l'a emmenée avec elle : "Elle devait être témoin de la douleur que ressentait la femme qui accouchait, afin qu'elle comprenne l'impact de son activité", explique la sage-femme. "Beaucoup changent alors d'avis et s'occupent même aujourd'hui en partie de l'éducation des filles du village et luttent elles-mêmes contre l'excision".

"J'apprends à me protéger"
Dialan, 16 ans, a eu de la chance. Elle a pu profiter du travail de sensibilisation à Vélingara et n'a pas eu à subir la cruelle coutume de l'excision. Elle le doit aussi à l'engagement infatigable de sa grand-mère Fatoumata. Elle lui donne des conseils importants pour la vie : "Je passe toutes mes soirées chez ma grand-mère. Elle m'apprend beaucoup de choses utiles. Avec elle, j'apprends à cuisiner et à travailler le coton, mais aussi à montrer mes limites aux hommes et à me protéger ainsi en tant que jeune femme".

Une communauté villageoise en mutation
Aujourd'hui, de nombreuses grands-mères s'engagent dans le projet à Vélingara en tant que "faiseurs d'opinion" et transmettent leur expérience aux jeunes. Grâce au dialogue encouragé au sein de la population, les enfants et les adultes comprennent le lien entre l'excision et ses conséquences douloureuses. Un changement de mentalité a commencé. Même la jeune Dialan sait aujourd'hui qu'elle ne veut pas soumettre ses filles à cette coutume.