Fatoumata apprend à sa petite-fille Dialan à travailler le coton. Dans son village, la grand-mère fait partie de l'équipe de prévention et de sensibilisation contre l'excision des filles.
En Afrique occidentale et (nord-)orientale, dans certaines régions d'Asie et du Moyen-Orient, l'excision des filles est aujourd'hui encore très répandue dans certains groupes de population. Même si, sous nos latitudes, nous n'avons que peu de compréhension pour ce rituel - cette pratique cruelle est liée à des traditions et des normes sociales profondément ancrées. Il est donc extrêmement difficile d'empêcher les mutilations génitales féminines et cela prend beaucoup de temps. Une interdiction de l'excision ne suscite guère de compréhension. Au contraire : une interdiction repousse l'excision dans la clandestinité et le sujet devient encore plus tabou.
Dialogue avec la population locale
World Vision donc en faveur d'une approche holistique. Un changement durable des mentalités au sein de la population dépend fortement du dialogue avec les anciens du village. C'est pourquoi celui-ci est toujours encouragé dans le cadre des projets. À Vélingara, au Sénégal, nous avons par exemple lancé un projet spécial pour le développement sain des filles. La forte implication des grands-mères dans le travail avec la population leur confère un rôle décisif. Grâce à leur âge et à leur expérience, les grands-mères ont une grande influence sur leur entourage.
Changer les mentalités par la confrontation
Fatoumata est l'une de ces grands-mères de Vélingara. Elle est sage-femme et fait aujourd'hui partie des aides-soignantes bénévoles de World Vision. Elle a accompagné d'innombrables accouchements douloureux et difficiles, souvent compliqués par une excision antérieure. C'est pourquoi Fatoumata a commencé à confronter la coupeuse traditionnelle du village à son travail. Lors d'accouchements difficiles, elle l'emmenait avec elle : « Elle devait être témoin de la douleur que ressentait la femme qui accouchait afin de comprendre les conséquences de son acte », explique la sage-femme. « Beaucoup changent alors d'avis et s'occupent aujourd'hui en partie de l'éducation des filles du village et luttent elles-mêmes contre l'excision. »
« J'apprends à me protéger »
Dialan, 16 ans, a eu de la chance. Elle a pu bénéficier du travail de sensibilisation mené à Vélingara et n'a pas eu à subir la cruelle pratique de l'excision. Elle le doit également à l'engagement sans faille de sa grand-mère Fatoumata. Celle-ci lui donne des conseils importants pour la vie : « Je passe toutes mes soirées chez ma grand-mère. Elle m'apprend beaucoup de choses utiles. Elle m'apprend à cuisiner et à travailler le coton, mais aussi à montrer mes limites aux hommes et à me protéger en tant que jeune femme. »
Une communauté villageoise en pleine mutation
Aujourd'hui, de nombreuses grands-mères s'engagent en tant que « faiseuses d'opinion » dans le projet à Vélingara et transmettent leur expérience aux jeunes. Grâce au dialogue encouragé au sein de la population, les enfants et les adultes comprennent le lien entre l'excision et ses conséquences douloureuses. Un changement de mentalité s'est amorcé. Même la jeune Dialan sait déjà aujourd'hui qu'elle ne souhaite pas soumettre ses filles à cette pratique.