C'est sur ce bateau de pêche que Thinh a dû effectuer quatre mois de travaux forcés.
Au Vietnam aussi, il y a des adolescents qui aiment jouer à des jeux vidéo. Et aussi ceux pour qui le plaisir de jouer devient une addiction. C'est le cas de Thinh : il y a trois ans, le jeune homme, alors âgé de 16 ans, passait toutes ses journées dans le magasin de jeux vidéo de la ville voisine et dépensait tout son argent de poche à jouer. Un jour, il a été abordé par un homme. "Il m'a proposé de travailler pour lui pendant quelques jours. Je gagnerais assez d'argent pour jouer toute la journée à des jeux vidéo et m'acheter de beaux vêtements. Je ne pouvais tout simplement pas refuser cette offre".
Mais l'espoir de gagner rapidement de l'argent s'est brusquement envolé. Le lendemain matin, Thinh s'est réveillé en pleine mer, sous un soleil de plomb. Sans s'en rendre compte, il était tombé dans les griffes de trafiquants d'êtres humains. Il était retenu sur le bateau de pêche et devait travailler dur tous les jours. Il lui était impossible de s'échapper, car le bateau n'accostait jamais - les prises étaient toujours remises à d'autres bateaux. Ce n'est qu'au bout de quatre mois, lorsqu'on lui a demandé de ramener une cargaison de poisson à terre, qu'il a pu disparaître discrètement dans la foule du marché. Il a emprunté un téléphone portable et a pu appeler son père. Avec l'aide de la police, celui-ci l'a finalement ramené à la maison.
Aujourd'hui, le jeune homme de 19 ans s'engage dans le club de jeunes "Smart Navigator" de World Vision, où il sensibilise d'autres jeunes au danger des trafiquants d'êtres humains. "Je veux que mon histoire serve de leçon aux autres". World Vision gère 18 clubs de jeunes dans la région où vit Thinh. L'accent est mis sur la transmission de compétences de vie et la sensibilisation à la traite des êtres humains et à la migration. Les clubs de jeunes sont très appréciés des adolescents, qui y trouvent l'occasion d'échanger sur ces sujets et de se faire de nouveaux amis.
La traite des êtres humains est également appelée "esclavage moderne". Elle a lieu lorsque des personnes sont exploitées contre leur gré et sont par exemple victimes de travail forcé, d'exploitation sexuelle ou de prélèvements d'organes. Il n'existe pas de chiffres précis sur ces agissements brutaux. Selon le rapport 2016 sur la traite des êtres humains du ministère américain des Affaires étrangères, le trafic d'êtres humains rapporte 150 milliards de dollars par an. Les femmes et les enfants sont particulièrement menacés. Dans la région de l'Asie du Sud-Est notamment, la traite des êtres humains est malheureusement très répandue. World Vision lutte depuis près de 20 ans contre la traite des êtres humains dans la région.