Le 15 mars marquera le sixième anniversaire du début de la guerre civile syrienne. Depuis, selon les chiffres de l'ONU, plus de 310 000 personnes ont été tuées et des millions d'autres ont été contraintes à la fuite. Loin de chez eux, les enfants ne sont souvent pas encore en sécurité. Beaucoup doivent travailler pour que leur famille puisse joindre les deux bouts. Les jeunes filles sont mariées extrêmement tôt, certaines dès l'âge de dix ans, parce que leurs familles ne peuvent pas subvenir à leurs besoins.
World Vision a demandé aux enfants des camps de réfugiés jordaniens quels étaient leurs craintes, mais aussi leurs rêves. Beaucoup d'entre eux ont cité comme plus grande préoccupation la peur des attaques aériennes et des explosions de bombes. Mais chacun des enfants interrogés avait aussi un rêve : leur plus grand rêve était de pouvoir rentrer chez eux. D'autres rêvaient de devenir médecin, enseignant ou journaliste.
Jasmine, huit ans, et sa sœur aînée Dalal sont originaires de la ville syrienne de Hama. Elles ont quitté la Syrie il y a trois ans et vivent désormais en Jordanie. Leur père, Hnadi, comprend très bien comment la guerre en Syrie a changé la vie de ses enfants. Il essaie de rendre la vie un peu meilleure pour eux chaque jour. "Je veux leur donner autant que possible tout ce qu'ils veulent et tout ce que je peux leur offrir. Je veux qu'ils soient des enfants et qu'ils profitent de leur enfance", dit-il. "J'ai essayé de rendre la maison conviviale et chaleureuse. Nous avons des jouets ici et je leur achète des vêtements. Depuis que nous avons quitté la Syrie, nous nous sommes sentis seuls". "Nous avons une cage à oiseaux vide, mais un grand oiseau de jeu. Mes enfants m'ont demandé pourquoi nous ne mettions pas l'oiseau dans la cage. Je leur ai dit que les oiseaux n'avaient pas leur place dans une cage, qu'ils devaient être libres et voler".
Les sœurs regrettent beaucoup la Syrie, mais elles sont en même temps reconnaissantes d'être en Jordanie. "Je me sens en sécurité ici J'aime la Syrie, mais en ce moment, je ne m'y sentirais pas en sécurité", explique Dalal. "Quand j'étais en Syrie, je craignais les attaques aériennes et les tirs de pistolet. Ici, quand je vois un policier, j'ai peur aussi". Jasmine regarde souvent les informations avec son père. "Les armes, le sang, tout cela est tellement effrayant. C'est chez moi et ça me rend triste de voir ce qui se passe. Même lorsque j'y vivais encore, de telles choses se produisaient. J'ai peur pour la Syrie quand je vois ce qui se passe".
Les sœurs rêvent de paix et de retourner en Syrie. Jasmine s'ennuie de sa grand-mère et de ses tantes : "Je veux juste les voir une dernière fois et les serrer dans mes bras". Dalal veut être une bonne élève et rendre sa mère fière. Quand elle sera grande, elle veut devenir infirmière. Hnadi dit qu'il est très fier de ses enfants et de la manière dont ils gèrent leur nouvelle vie en Jordanie. "Ce ne sont pas seulement mes enfants, mais aussi mes copains. Je les aime".
World Vision s'engage en faveur des enfants depuis le début du conflit syrien. Dans les zones de protection des enfants, ils bénéficient d'un soutien psychologique ainsi que d'un lieu sûr pour jouer et de cours d'appui. Ces mesures doivent les aider à gérer leurs expériences, leur montrer leurs droits et comment résoudre pacifiquement les conflits sociaux.