Dans un monde en proie à des conflits prolongés, des déplacements de population et des normes humanitaires qui s'effritent, les enfants sont souvent les premiers à souffrir et les derniers à être protégés. À New York, où la politique humanitaire est débattue et façonnée, j'ai récemment participé à une série d'engagements de haut niveau à New York qui m'ont laissé à la fois songeur et déterminé. Des réunions bilatérales avec les agences des Nations unies et les représentations permanentes à la débat ouvert annuel sur les enfants et les conflits armés (CAAC). du Conseil de sécurité des Nations unies , un thème résonnait haut et fort : le maintien de l'accès humanitaire et de la protection des enfants n'est pas seulement une urgence, mais une responsabilité collective non négociable.
Témoigner du travail de plaidoyer en première ligne
En tant que personne régulièrement engagée dans ces espaces politiques et appelée à intervenir dans des situations d'urgence complexes, j'aborde ces discussions non seulement en tant que défenseur politique, mais aussi en tant que témoin des réalités sur le terrain. Au Soudan, par exemple, j'ai vu de première main comment le refus d'accès à l'aide humanitaire met en péril non seulement les opérations de secours, mais aussi la survie des enfants. Les obstacles bureaucratiques, la violence et le non-respect du droit humanitaire international entraînent la malnutrition, une éducation perturbée et des traumatismes qui peuvent durer toute une vie.
À New York, ces connaissances ont contribué à façonner mes interventions lors des réunions et des débats. Et elles renforcent mon point de vue selon lequel la politique doit rester ancrée dans la réalité si elle veut protéger les enfants de manière pertinente.

CAAC, un mandat qui vaut la peine d'être défendu
L'une des préoccupations les plus pressantes concerne l'intégrité duprogramme"The Children And And Armed Conflict"(CAAC). La pression s'accroît pour rationaliser les mandats ou les regrouper sous un toit plus large des droits de l'homme ou de la protection. Une telle restructuration part certes d'une bonne intention, mais elle comporte le risque de démanteler ce qui a été laborieusement construit au fil des décennies.
Et le mandat CAAC n'est pas seulement un cadre de plus. Il s'agit d'un mécanisme unique doté d'instruments puissants : le mécanisme de suivi et de compte rendu (MRM), la coopération directe avec les acteurs armés et les plans d'action formels. Ces instruments ont ouvert la voie à des changements tangibles au niveau politique. Leur regroupement dans des agendas thématiques plus larges signifierait moins de ressources, moins de visibilité et un risque plus grand pour les enfants dans les conflits armés.

Preuves, urgence et engagement pour les enfants
Le 25 juin, le Conseil de sécurité a tenu un débat ouvert sur l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées et sur les violences sexuelles à l'encontre des enfants, en particulier des filles. De nombreux États membres ont exprimé leur inquiétude face au refus croissant d'accès à l'aide humanitaire.
Un jour plus tard, j'ai rencontré des experts du CAAC pour réfléchir aux résultats du débat. La discussion a été abrupte : nous devons agir maintenant pour garantir l'accès et le soutien aux enfants dans les zones de conflit. Pour illustrer la véritable réalité des enfants soudanais, j'ai donné des exemples critiques de la manière dont l'aide alimentaire, l'éducation et les services de santé mentale restent inaccessibles pour des millions de personnes en raison d'un accès limité et d'hostilités persistantes.
Ce qui est en jeu n'est pas abstrait. C'est un enfant privé de repas, une fille privée d'école, un garçon enrôlé de force, une famille contrainte de fuir à nouveau.
Maintenir la solidarité grâce à des partenariats fondés sur des principes
Ce qui m'a le plus encouragé pendant mon séjour à New York, c'est l'esprit de collaboration. En discutant avec des fonctionnaires de l'ONU, des États membres et des collègues de la société civile, j'ai observé une ouverture croissante à un travail différent, avec moins de doubles emplois, une plus grande cohérence et une plus grande confiance dans ceux qui apportent des connaissances de terrain dans les forums politiques.
Cette façon de penser est essentielle pour gérer le redémarrage humanitaire. La localisation, l'innovation et la priorisation ne sont plus des discussions abstraites. Ils changent la manière dont nous travaillons et dont nous restons responsables.
Chez World Vision , nous constatons chaque jour l'impact accru du refus d'accès, en particulier sur les enfants. C'est pourquoi nous continuons à participer à des forums de haut niveau : non pas pour parler au nom des communautés, mais pour faire entrer leurs réalités dans des espaces où les décisions sont prises.

Un appel à l'action : protégez ce qui est le plus important
Lorsque j'ai quitté New York, j'ai emporté avec moi un nouveau sentiment de détermination, non pas parce que les défis étaient moins importants, mais parce que la volonté de les relever grandissait. La défense des intérêts ne consiste pas seulement à parler ; il s'agit d'écouter, d'instaurer la confiance et de maintenir le dialogue sur une longue période.
Alors que l'agenda de la CAAC évolue, ne l'affaiblissons pas en faisant des compromis. Redoublons plutôt ce qui fonctionne : des mandats dédiés, des instruments ciblés et un soutien politique inébranlable. Faisons en sorte que l'accès, la protection et la responsabilisation des enfants dans les conflits armés soient des priorités et non des considérations optionnelles, mais des obligations fondamentales.
En fin de compte, la solidarité mondiale ne se construit pas du jour au lendemain. Elle se maintient grâce à des partenariats basés sur des principes, des décisions fondées sur des preuves et une détermination commune à protéger les plus vulnérables de la planète : nos enfants.
Auteur : Bruno Atieh
Droits de l’enfant et protection de l’enfance – World Vision