L'avortement lié au sexe est reconnu comme un problème en Arménie. World Vision s'engage pour que chaque enfant, qu'il s'agisse d'une fille ou d'un garçon, ait le droit de vivre.


Des hommes préparent des guetzlis avec leurs filles en Arménie.

 

Des hommes d'Arménie préparent des guetzlis avec leurs filles.

Mi-janvier, sur la patinoire d'une place centrale d'Erevan, la capitale de l'Arménie : 6 familles - des mères, des pères et leurs enfants - jouent ensemble et se mesurent dans diverses compétitions amusantes. Plus tard, tout le monde se rend au chaud dans le salon pour confectionner des biscuits et s'amuse surtout d'une chose : beaucoup. Mais quel est le rapport avec la Journée internationale de la femme d'aujourd'hui ? La journée où nous célébrons les réalisations impressionnantes des femmes qui ont changé notre monde ?

Eh bien, derrière cet "après-midi de jeu" se cache un projet de World Vision, appelé "Caring for Equality" - librement traduit par "Engagement pour l'égalité". L'organisation d'aide à l'enfance veut ainsi changer à long terme la culture, le comportement et l'attitude envers les filles et les femmes. Il s'agit de promouvoir l'égalité entre les filles et les garçons, d'empêcher les comportements nuisibles et d'inciter de plus en plus les hommes à participer à l'éducation des enfants.

L'inégalité des droits entre hommes et femmes en Arménie se manifeste de manière exemplaire sur un point : l'avortement en fonction du sexe. Autrement dit : les embryons sont tués uniquement parce qu'ils ne sont pas du bon sexe.

Quand la question du sexe met la vie en danger
La sélection prénatale du sexe est un phénomène relativement récent. Il est connu à l'origine en Asie de l'Est. Mais depuis les années 1990, il est de plus en plus fréquent dans les pays d'Europe de l'Est, dans le Caucase et, de plus en plus, en Europe occidentale. Selon la SRF, la question du genre peut également conduire à des avortements en Suisse, notamment dans les familles immigrées. Fin février, la commission d'éthique du Conseil national a recommandé dans un avis que le sexe de l'enfant soit communiqué aux futurs parents au cours des 12 premières semaines de la grossesse, c'est-à-dire pendant la période où l'avortement est encore légal.

Bien que l'avortement lié au sexe se produise dans des contextes culturels et sociaux très différents, on peut identifier 3 facteurs qui sont présents dans tous : D'une part, dans une société strictement patriarcale, les descendants masculins sont, pour des raisons culturelles, préférés aux filles. Pour les familles, il est important d'avoir un "géniteur". Deuxièmement, il faut avoir accès à la technologie moderne qui permet de déterminer le sexe de l'enfant. Enfin, le faible taux de natalité a pour conséquence que peu d'enfants viennent au monde.

En Arménie, tous ces facteurs sont réunis. Une étude du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a montré que 65 % des Arméniens préfèrent avoir un garçon plutôt qu'une fille. Selon les statistiques nationales, il y avait 114 garçons nouveau-nés pour 100 filles en 2012 - une disproportion flagrante. Dans le monde, seuls la Chine (118) et l'Azerbaïdjan (116) ont des taux plus déséquilibrés. Le ratio normal est d'environ 105 garçons. Si cette tendance ne s'atténue pas, on estime qu'il manquera 93 000 femmes en Arménie en 2060.

Changement d'attitude à long terme grâce à des modèles modernes
Les autorités arméniennes ont reconnu que la situation ne pouvait plus durer et ont préparé une loi visant à interdire les avortements en fonction du sexe. World Vision soutient cette démarche, mais estime également que les lois seules n'apportent pas de changement : Il faut un changement durable des mentalités dans la société. "Avec des manifestations telles que l'après-midi de jeu, nous voulons créer des familles modèles et briser les stéréotypes", explique Marina Hovhannisyan de World Vision Arménie. Ces familles inspirent ensuite d'autres personnes à adopter elles aussi une image moderne des genres. C'est ainsi que les anciennes traditions peuvent être lentement brisées et que le rôle de la femme dans la société peut être renforcé.