Dans une lettre ouverte au Conseil fédéral, les organisations suisses d'aide à l'enfance, dont World Vision Suisse, attirent l'attention sur le déséquilibre entre la baisse des fonds alloués à la protection de l'enfance et le nombre croissant d'enfants ayant besoin d'aide.


Gaza : un enfant au milieu de maisons effondrées.

 

La souffrance s'est accrue. La coalition des organisations d'aide à l'enfance demande au gouvernement fédéral d'augmenter les fonds destinés aux enfants victimes de crises humanitaires.

Texte de la lettre : World Vision Suisse

Les enfants sont les grandes victimes des crises humanitaires. Or, les fonds alloués à la protection des enfants dans les pires crises du monde sont passés de 42% du montant nécessaire en 2019 à 24% en 2020. Et ce malgré l'augmentation du nombre d'enfants ayant besoin d'aide ces dernières années, comme le montre l'étude "THE UNPROTECTED : Annual spotlight on child protection funding in humanitarian action". Dans une lettre ouverte au conseiller fédéral Ignazio Cassis, les principales organisations suisses d'aide à l'enfance attirent l'attention sur ce déséquilibre et demandent au conseiller fédéral combien de fonds d'aide humanitaire sont alloués par la Confédération à la protection de l'enfance. La réponse est encore attendue.

 

Lettre ouverte au conseiller fédéral Ignazio Cassis

 

Département fédéral des affaires étrangères DFAE
à l'attention du conseiller fédéral Ignazio Cassis
Palais fédéral ouest
3003 Berne 

 

Copie à : 

Patricia Danzi, directrice de la DDC 

Manuel Bessler, directeur adjoint de la DDC

Suisse, 20 janvier 2022

Les fonds alloués à la protection des enfants en situation de crise sont disproportionnés par rapport à l'augmentation rapide des besoins

Monsieur le Conseiller fédéral Cassis

Dans de nombreuses situations humanitaires, des milliers de familles et d'enfants ne disposent pas des services de base nécessaires pour assurer leur protection. Le manque d'accès à l'éducation, les difficultés économiques, l'insécurité et les familles déchirées exposent les enfants à la violence physique et sexuelle ainsi qu'à la détresse émotionnelle.

Les fonds alloués à la protection des enfants dans les pires crises du monde sont passés de 42 % du montant nécessaire en 2019 à 24 % en 2020. Cela signifie que des millions d'enfants touchés par des conflits et des catastrophes n'ont pas accès aux services qui pourraient les protéger du mal.

Ces faits, parmi d'autres, sont exposés dans l'étude (voir annexe) "THE UNPROTECTED : Annual spotlight on child protection funding in humanitarian action "1, qui se penche sur les fonds humanitaires mondiaux destinés à la protection des enfants. Bien que les fonds alloués à la protection de l'enfance aient été augmentés au cours des trois dernières années pour atteindre environ 178 millions de dollars en 2020, ces ressources supplémentaires ne suivent pas l'augmentation massive du nombre d'enfants dans le besoin. De plus, les fonds alloués à la protection de l'enfance ne représentent qu'à peine 0,8% du total des fonds alloués aux mesures humanitaires. Un chiffre qui nous préoccupe beaucoup en tant qu'organisations de protection de l'enfance.

Dans le monde entier, les conflits de longue durée, COVID-19 et le changement climatique ont entraîné une augmentation soudaine des besoins. Aucune des interventions humanitaires en 2020 n'a reçu tous les fonds nécessaires à la protection des enfants, et la moitié des interventions n'en ont même pas reçu un quart.

Adrian Förster, CEO de Save the Children Suisse, lance unappel: "Ce rapport est un rappel à l'ordre opportun pour les décideurs politiques afin qu'ils prennent des mesures immédiates pour prévenir les violations des droits de l'enfant et répondre aux besoins urgents de protection, y compris la santé mentale et le soutien psychosocial, la recherche et la réunification des familles, le repos et la réinsertion".

Les organisations humanitaires signataires, qui regroupent les principales organisations suisses d'aide à l'enfance, à savoir SOS Villages d'Enfants Suisse, World Vision Suisse, Plan international Suisse, Terre des hommes Lausanne et Save the Children Suisse, proposent des services de protection de l'enfance dans des situations d'urgence, y compris lors de conflits et de catastrophes naturelles. Nous appelons le gouvernement suisse à faire tout ce qui est en son pouvoir pour offrir à ces enfants la protection et l'assistance auxquelles ils ont droit conformément à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant.

Pour cette raison, nous vous demandons, cher Monsieur le Conseiller fédéral Cassis : combien de fonds d'aide humanitaire la Confédération consacre-t-elle à la protection des enfants ? Si l'on considère les Objectifs de développement durable (ODD), pour lesquels les organisations signataires s'engagent quotidiennement et que le gouvernement suisse s'est également engagé à atteindre, il est clair que les enfants les plus défavorisés du monde sont directement ou indirectement concernés par la majorité de ces objectifs.

Il est indéniable qu'investir dans les enfants et leur protection est un investissement intelligent et durable. Lorsque les organisations d'aide à l'enfance et les autres acteurs de la protection de l'enfance disposent de ressources suffisantes et fiables, ils sauvent des vies : Du soutien psychosocial aux victimes de violences à la prévention des mariages précoces et forcés d'enfants, en passant par la réunification des familles séparées, la protection de l'enfance garantit un avenir meilleur pour tous. Les dirigeants du monde entier doivent renforcer leurs mesures et leurs financements pour la protection des enfants dans les crises humanitaires.

La coalition des organisations d'aide à l'enfance demande à la Confédération d'augmenter les fonds alloués aux enfants dans les crises humanitaires afin d'atteindre le pourcentage de la réponse totale. Il est en outre indispensable que le Conseil fédéral mobilise d'autres Etats, partenaires et parties prenantes pour qu'ils respectent les thèmes liés aux droits de l'enfant et les intègrent comme priorité dans leurs agendas, y compris leur financement.

Merci de vous engager au nom de la Suisse pour les enfants en détresse.

Salutations amicales,

 

Javed Rashid, CEO de Plan International Suisse

Adrian Förster, CEO de Save The Children Suisse

Alain Kappeler, CEO de SOS Villages d'Enfants Suisse

Barbara Hintermann, CEO Terre des Hommes Lausanne

Christoph von Toggenburg, CEO World Vision Suisse

 

 

1 Cette étude a été réalisée par Save the Children pour le compte de l'Alliance for Child Protection in Humanitarian Action, de la Global Child Protection Area of Responsibility et du HCR.