Le 15 septembre, avec trois autres organisations suisses d'aide à l'enfance, nous nous sommes adressés au Conseil fédéral en lui soumettant quatre propositions concrètes et en lui demandant de montrer l'exemple sur le plan humanitaire et d'assumer un peu plus de responsabilité pour l'avenir des enfants en fuite. Le déclencheur a été l'incendie dévastateur du camp de réfugiés de Moria sur l'île de Lesbos. Le Conseil fédéral a maintenant répondu.


Moria, sur l'île de Lesbos, en Grèce : une jeune fille, emmitouflée dans une veste chaude, se tient devant une tente dans un camp de réfugiés.

Environ 79,5 millions de personnes sont en fuite. Cela représente bien 9 fois la Suisse.

Texte de la lettre : World Vision Suisse

Nous sommes heureux que la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter ait répondu à notre lettre ouverte concernant la situation de crise suite à l'incendie du camp de réfugiés de Moria à Lesbos. Cela ne va pas de soi et nous l'apprécions beaucoup ! En collaboration avec Save the Children, la Fondation Village d'enfants Pestalozzi et SOS Villages d'enfants, nous avions proposé quatre mesures concrètes pour que la Suisse puisse aider en particulier les mineurs sur l'île. Nous avions espéré que la Suisse prenne les devants en tant que modèle humanitaire et n'attende pas une solution européenne pour permettre aux enfants de retrouver enfin une vie ordonnée avec des perspectives. Même si nos attentes n'ont pas été satisfaites, nous continuons à nous engager pour les enfants en fuite et restons en contact avec les autorités compétentes sur place et en Suisse.

Vers la lettre 

 

Réponse du Département fédéral de justice et police à notre lettre ouverte 

M. Christoph von Toggenburg
CEO World Vision Suisse

M. Alain Kappeier
Directeur
SOS Villages d'Enfants Suisse

M. Martin Bachofner
Président de la direction
Fondation Village d'enfants Pestalozzi

M. Adrian Förster
Directeur
Save the Children Suisse

 

Incendie à Moria

Chers messieurs

Je vous remercie vivement pour votre lettre ouverte du 15 septembre 2020. Comme vous l'avez certainement lu dans le communiqué de presse
du 11 septembre 2020, le Conseil fédéral partage votre
préoccupation concernant la situation sur l'île grecque de Lesbos et a immédiatement proposé au gouvernement grec
une aide humanitaire.
Il s'agit avant tout d'assurer sans délai l'hébergement, les soins, la santé
et la protection des migrants concernés.
A cet égard, deux vols du service de transport aérien de la Confédération ont déjà eu lieu,
, qui ont permis d'acheminer en Grèce des biens de première nécessité tels que sacs de couchage, nattes, bidons d'eau, ustensiles de cuisine et
autre matériel d'aide. En outre, des spécialistes du
Corps suisse d'aide humanitaire (CSA) sont en mission à Lesbos. Afin de pouvoir répondre aux
besoins les plus urgents des personnes touchées par l'incendie, le
Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a débloqué jusqu'à un million de francs
pour l'aide humanitaire.

Parallèlement, la Suisse soutient actuellement activement les organisations internationales sur place ainsi que les autorités grecques
sur le plan logistique, matériel et personnel.
Après l'incendie, la situation est particulièrement précaire pour 400 mineurs non accompagnés
demandeurs d'asile (MNA). La présidence allemande du Conseil de l'UE a pris en main la coordination des travaux
pour l'évacuation immédiate et l'accueil de ces mineurs
. La Suisse a été sollicitée par l'Allemagne pour participer à l'évacuation
. Le Département fédéral de justice et police (DFJP) a laissé entrevoir une participation
avec l'accueil d'une vingtaine d'enfants et de jeunes.
Si un programme européen de redistribution
devait voir le jour dans le cadre d'une solution à long terme de la situation en Grèce, le DFJP serait prêt à envisager un accueil supplémentaire de
RMNA. Enfin, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) poursuit sa pratique actuelle
en ce qui concerne les RMNA en provenance de Grèce : dans le cadre d'une interprétation large
du règlement Dublin Ill, les RMNA en provenance de Grèce ayant des liens familiaux peuvent entrer en Suisse
. Depuis la mi-mai 2020, 52 enfants et
jeunes de Grèce ont été accueillis de cette manière. En outre, si le SEM apprend lui-même, par exemple par
de proches en Suisse, qu'une personne mineure non accompagnée
séjourne en Grèce, il en informe les autorités grecques compétentes,
afin que celles-ci puissent déposer une demande correspondante. Nous sommes convaincus que
nous pourrons ainsi offrir une perspective en Suisse aux enfants et aux jeunes qui
ont déjà un point de rattachement chez nous.
Je vous remercie encore une fois pour votre précieux engagement en faveur des enfants et des jeunes et
espère que ces explications vous seront utiles.

Avec mes meilleures salutations

Karin Keller-Sutter
Conseillère fédérale